Amanda Koyama, convivium de Calgary
Ce texte a été raccourci et traduit de l’anglais.
« Terra Madre est une façon de donner une voix et un visage aux personnes engagées dans la production d’aliments dans leurs propres réalités géographiques et sociales » (Carlo Petrini)
Je pourrais vous dire que « Terra Madre rassemble les acteurs de la chaîne alimentaire qui soutiennent l’agriculture durable, la pêche et l’élevage dans le but de préserver le goût et la biodiversité », mais cela ne décrirait qu’une infime partie de l’expérience.
Comment expliquez-vous avoir hâte aux horaires d’autobus fous et aux trépidantes journées de 14 heures, pour partager les collations préférées de vos collègues canadiens achetées pendant la journée? Comment expliquez-vous que, malgré la langue, la culture et les clivages sociaux, des délégués de partout dans le monde soient reliés l’un à l’autre par une passion commune? Terra Madre est une expérience qui se perd dans la traduction.
Les possibilités de réflexion et d’apprentissage y étaient multiples. J’ai passé presque autant de temps à choisir les conférences et les ateliers qu’à déguster les produits offerts dans chaque kiosque. Entre les ateliers de la Terre où nous avons discuté de consommation éthique de viande et les conférences des autochtones, c’est à peine si j’ai eu le temps de m’arrêter au bar à miel pour un atelier dégustation.
Contrairement à ce que l’on entend souvent concernant l’agriculture au Canada, à Terra Madre, on traitait davantage de biodiversité régionale, de respect du patrimoine et de sagesse traditionnelle. On parlait moins de bio, et plus de diversité des produits et des régions dont ils sont issus. Je dois admettre, ce fut rafraîchissant de ne pas entendre parler de gluten et de me prélasser dans cette « culture de la pâte » qui m’est si chère.
Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Terra Madre est expérience incroyable lorsqu’on est entouré de milliers de personnes qui défendent, tout comme nous, l’alimentation bonne, propre et juste. Il est impossible de nier l’inspiration et la camaraderie qui résulte des conversations qui se traduisent rapidement en points communs. Du moulin à meule en pierre au Pays de Galles à celui d’Estevan, en Saskatchewan, de nouvelles amitiés sont rapidement formées.
Alors que je découvrais la biodiversité du couscous en Afrique du Nord, j’ai dû me rappeler que le Canada est un pays plutôt jeune en comparaison à bien d’autres. Plutôt que de sentir un manque d’histoire et de culture en matière d’alimentation, j’ai pu apprécier les diverses contributions qui forment notre avenir collectif. Il est rassurant et inspirant de savoir que si la nourriture est une expression de la langue, le Canada est un pays où il se parle de nombreuses langues différentes.
Terra Madre nous a non seulement permis de connecter avec les producteurs de toute la planète, mais aussi avec nos voisins et collègues canadiens. En rencontrant l’apiculteur urbain de Toronto, les pêcheurs des deux côtes et tant d’autres, la valeur du réseau Slow Food est devenue incroyablement évidente. La possibilité de représenter Slow Food Calgary aux yeux du monde entier fut un immense honneur.
Comme notre société n’incarne pas encore exactement les valeurs de Slow Food, je sais que nous faisons des efforts incroyables et étonnants pour y travailler. Nous avons encore tellement de choses à faire et à apprendre, mais laissez-moi vous assurer que nous ne sommes pas qu’un rouage aléatoire dans une grande roue, mais que nous faisons vraiment partie de quelque chose de génial d’où il ne pourra sortir que de grands résultats.