By Norman Laflamme
Val-d’Or, 20 janvier 2011 – Un vendredi pas comme les autres se prépare au Forestel de Val-d’Or. Les invités du convivium Slow Food de l’Abitibi-Témiscamingue arrivent joyeux et pour certain contents de se revoir. Ils sont des cinq coins de notre belle et grande région. Ils ressentent bien que quelque chose d’exceptionnel est sur le point de se produire.
Ici et là ça discute agréablement avec une petite consommation à la main et une petite bouchée d’esturgeon fumé du Témiscamingue avec son émulsion au citron et gingembre accompagné des boutons de marguerites de Vert Forêt et du fameux caviar de corégone de Laniel.
Tranquillement, les mangeurs prennent place et les discussions s’animent. Une petite assiette composée de Féta de chèvre de Colombourg aux concombres avec son caramel de tomates aux épices de l’Éden Rouge et un délicieux carpaccio de longe d’agneau et sa purée d’herbes fraîches aux amandes et miel de la Grande Ourse complète le premier service.
C’est presque dommage, voir impoli, de demander un moment de silence pour présenter le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, M. Pierre Corbeil. Sa présence au souper bénéfique de Slow Food Abitibi-Témiscamingue est très importante pour les organisateurs de la fête. Elle permet au Ministre de percevoir une force vive du milieu et de prendre conscience d’un aspect important de notre mode de production agroalimentaire en région.
Il nous a entretenu du Livre Vert « Donner le goût du Québec » ( http://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/md/Publications/Pages/Details-Publication.aspx?guid={4d47e674-e13a-4a9c-9ce9-890b84a58cff} ) et de sa vision du développement bioalimentaire du Québec pour les prochaines années. Il nous a également fait part de sa fierté d’être à la tête de ce ministère si important pour le développement des régions incluant bien sûr le Plan Nord.
Mme Johanne Germain présidente du convivium Slow Food de la Batiscan était la prochaine invitée.
Mme Germain nous a parlé de son lien avec les jeunes et les enseignants de son coin de pays. Elle nous a entretenu de cette relation avec des nutritionnistes en formation et les producteurs. Le retour au produit, pas à l’étiquette que les industriels ont apposée sur le contenant. À une compréhension de la nature même de ce que nous mangeons, pas aux produits ajoutés. Elle nous a parlé de son paysage, de son pays, de ses racines, de sa fierté d’appartenir à une communauté.
Avant d’attaquer le plat principal préparé à partir d’un contre filet de bœuf VitaliPré avec sa tapenade de champignons sauvages de nos sous-bois, accompagné d’une purée de pommes de terre Yukon Gold de la Ferme Lunick et des petits légumes Mme Claire Bolduc, copropriétaire du Domaine des Ducs et présidente de Solidarité Rurale du Québec nous a entretenus de la ruralité et des politiques agricoles.
Elle nous a rappelé combien les politiques à long terme pouvaient avoir un impact important non seulement pour le maintien des communautés rurales, mais pour leurs développements harmonieux. Un bref retour en arrière a permis de constater les effets bénéfiques des écoles de rangs et de l’électrification des campagnes.
Elle a également porté à notre attention que les villes ne pourraient survivre sans l’apport du monde rural qui fournit non seulement la nourriture, mais les richesses premières. En effet, elles sont plutôt rares les forêts commerciales, la mer et les différentes mines de fer, de cuivre et de zinc en plein cœur des villes. Pourtant tous ces citadins ont besoin de ses produits à tous les jours.
Solidarité Rurale du Québec porte un discourt qui met au centre des préoccupations le droit à la différenciation, à la prospérité et à l’autonomie des ruraux.
L’allocution de Mme Bolduc a été suivie de deux desserts. Le premier, nous a été présenté par sa créatrice Mme Hélène Lessard de la Ferme au Village avec son nouveau fromage L’Angélus. Le deuxième étant notre conférencière Mme Hélène Raymond.
Notre dernière invitée a une voie qui est très bien connue, une voie tranquille, une voie que l’on veut écouter, une voie remplie d’attention et d’écoute, une voie respectueuse, une voie qui passe à travers le temps, une voie qui porte, elle a surtout une voie qui porte sur l’avenir. Elle a été à la barre de l’émission d’Un soleil à l’autre pendant 12 ans et collabore maintenant à l’émission Bien dans son assiette. Elle est également la coauteure du Goût du monde ou saveurs locales? et d’Une agriculture qui goûte autrement.
Forte de son expérience au Québec, au Canada, en Europe aux États-Unis et partout dans le monde elle a dressé un tableau de l’agriculture. Son message est positif, il est tourné vers des gens de cœur et de courage qui ont décidé de faire les choses autrement. Des producteurs qui respectent leurs milieux de travail. Qui est en lien avec une terre nourricière pleine de potentiel qui ne demande rien d’autre que du respect. Des transformateurs qui proposent aux mangeurs de s’associer à une démarche de qualité, en opposition à l’industrialisation à outrance, et à reconnaître des gestes parfois ancestraux et oubliés par une génération de consommateurs urbains qui a perdu ses repères agroalimentaires.
Le plus extraordinaire, c’est que tous ces convives ont continué à échanger, discuter, faire des projets d’avenir et se donner rendez-vous pour la prochaine activité de Slow Food en Abitibi-Témiscamingue bien après que nos invités aient terminé leurs allocutions.
Bien belle soirée que celle que nous avons vécue le 20 janvier 2012.