Par la Okanagan Nation Alliance
Depuis 1996 et bien avant cela, l’Okanagan Nation Alliance (ONA), sous la direction du Chiefs Executive Council (CEC), consacre ses efforts à rétablir le rôle des tribus en tant que peuples autochtones en réintroduisant le ntytyix (saumon rouge), lui-même une espèce indigène, dans la partie supérieure du bassin du fleuve Columbia. Ce travail transfrontalier est décrit par nos peuples comme kt cp’elk ‘stim, un terme nsyilxcən qui se traduit par « la raison du retour ».
Ce fut un parcours semé d’obstacles insurmontables à cause des barrages hydroélectriques, de la dégradation de l’environnement, de l’étalement urbain, de l’agro-industrie et de la pollution, qui ont tous eu un impact négatif sur le retour du ntytyix à ses frayères ancestrales. Le succès de kt cp’elk ‘stim est dû au fait que l’ONA savait parfaitement qu’un seul groupe tribal ne parviendrait pas atteindre cet objectif. C’est la collaboration avec de multiples partenaires, à la fois aux États-Unis et au Canada, ainsi qu’un engagement culturel et spirituel profond envers le saumon, qui a permis la réintroduction réussie du ntytyix. Pour les communautés Syilx, ce retour propulse le rajeunissement de la culture, de la souveraineté alimentaire et de la sécurité alimentaire surmontant des siècles de colonisation.
Le service des pêches de l’ONA prévoyait que la remontée 2015 du saumon rouge devait être l’une des plus importantes à survenir dans le fleuve Columbia depuis des décennies. Cet été, 500 000 saumons rouges se sont engagés dans la bouche du Columbia et ont commencé à faire leur voyage de retour pour frayer dans les profondeurs de l’Okanagan. Au confluent du fleuve Columbia et de la rivière Okanagan, dans l’état de Washington, ces saumons ont rencontré un mur d’eau de rivière chaude, aussi connue comme une « barrière thermique », ce qui a empêché la grande majorité de ces poissons de terminer leur migration. La barrière thermique est le résultat d’une multitude d’effets, y compris la diminution des accumulations de neige, des faibles niveaux d’eau et une augmentation de la chaleur due à l’apparition de la sécheresse. À la mi-juillet, l’ONA a suspendu la pêche au saumon rouge commerciale et récréative. Grâce à cela, 10 000 saumons rouges (le minimum requis pour assurer succès de la reproduction) ont été en mesure de revenir à Osoyoos et au lac Skaha pour frayer dans leur habitat d’origine.
Ces événements ont connu une certaine visibilité dans les médias nationaux et internationaux. Le problème est que l’accent avait tendance à être mis sur la dévastation comme un indicateur abstrait du changement climatique, en négligeant les composantes humanitaires, culturelles et spirituelles. Nous le savons maintenant; ces événements font partie de perturbations écologiques plus larges qui affectent la région pacifique du nord-ouest de l’Amérique du Nord en général et toutes les communautés qui sont inextricablement liées à ces terres et à ces eaux.
Les peuples Syilx ne sont cependant pas étrangers aux défis posés par le changement et les perturbations. Face à de telles difficultés, l’une des réponses les plus fortes a émergé au sein de la nature résiliente des communautés et de la culture Syilx sous la forme de la Fête du saumon. Du 18 au 20 septembre, la Fête du saumon a honoré le caractère sacré de la rivière à sx̌ʷəx̌ʷnitkʷ (Okanagan Falls) et fut l’occasion de se rassembler et de célébrer le retour du saumon. La Fête du saumon est une pratique essentielle des efforts continus de la nation Okanagan pour réhabiliter les écosystèmes locaux et renouer les liens avec l’eau, les poissons et les gens. Pour les peuples Syilx, il est vital d’honorer le saumon afin qu’il revienne toujours pour nourrir la communauté.
Comme l’a dit Pauline Terbasket, directrice générale de l’ONA, « au cœur de notre mode de vie et de notre vision du monde Syilx se trouve l’amour de nos terres, de nos eaux, de nos peuples, et donc de nos familles et de notre saumon. Nous sommes certainement très préoccupés par la gravité des impacts négatifs que nos terres, nos peuples, nos eaux, nos familles, notre saumon ont endurés au cours des années. Cependant, par la nature même de notre résilience et notre connexion spirituelle et notre relation à la terre, nous possédons en nous une base solide avec laquelle nous sommes nés et dans laquelle nous avons grandi. Grâce à ces attributs de persévérance, de force et de résilience, nous savons que nous surmonterons et continuerons à surmonter les moments difficiles. »
Ce travail local est non seulement vital à notre coexistence avec notre environnement, mais appelle également une reconnaissance de la communauté mondiale. Nous devons radicalement réévaluer et soutenir la reconnexion de nos collectivités locales, des pratiques locales dans leurs lieux distincts et sacrés, à travers la cérémonie et la célébration, en particulier en ces temps de changement et d’incertitude.