By/Par Voula Halliday, Slow Food Toronto Leader / Chef de Slow Food Toronto
Originally published here. Original affiché ici.
Around the table is where I learned most of the life lessons that shaped me.
It is where my mother ate silently when distressed or anxious and where I learned that silence comes from many places, and that there can be great pain when a person’s voice is stifled or drowned out. It is where I waited for the right moment to share news with everyone; and where I learned that joy lights up a room and makes my father laugh louder than thunder. It is where my grandfather would let me devour one of the canned prunes my mother reserved especially for him (I can taste them now—plumy sweetness mixed with the longing that is nostalgia). I learned that even on a tight budget, the smallest morsel can be shared. And that good health comes from this sharing too.
As part of my reflection on the Terra Madre experience, and on this note of sharing, I will first admit that it is draining to care for, cultivate, motivate, inspire, and build the awareness in others that our fork wields a mighty mighty power that can change the world. As a dedicated volunteer caregiver of Slow Food I have found it a struggle on many fronts. But somehow, in the loud and crowded 80,000 square metre arena of the Lingotto Fiere*, in between a sudden and violent bout of food sickness (from an in-flight sandwich), a schedule jam packed with meetings and the 3 day congress sessions, I managed to find a way to my restoration.
It was a simple line that Carlo Petrini delivered. Petrini is most powerful when he expresses himself in small “statement of fact” terms. They are thoughts born from personal experience, easy to digest and absorb, and come at a time when perhaps we need it most. Like water into a sponge, here’s what I took in, most gratefully: “Sleep on it. Get up in the morning, and be over the rage”.
So often, clenching my jaw, I doze off at night only to lightly fall into a fitful sleep. The rage that comes from not seeing the immediate positive results of my actions leaves me drained and restless.
Rage is a harsh word, but keep in mind that Carlo Petrini speaks from his heart, on behalf of the hundreds of thousands who have looked to him for leadership in our efforts to fix the food system. He’s seen stuff I haven’t seen, in countries I’ve never been to. So for now, I’ve stuck with the term, believing truly that I am part of his shared experience, and I’ve pondered this: If I get over the rage—get rid of it all together—I’ll be better rested, and then more able to rev it up in the morning and get on with the important tasks at hand. Of course.
Using clothing as a metaphor, Petrini asked us to carry on; to accept the movement as though it is a growing child that we must appropriately dress, at each stage of life.
I thought about this stage of life, and how some days I feel that I’ve landed “back at square one.” But if I see “square one” as the child, then I find relief in landing here in this place. This place of nurturing and providing is where I am probably most comfortable after all. And if I truly care about helping to fix our broken food system I should, as Carlo said, “Care for Slow Food as you would care for the destiny of your baby.”
Upon my return from Terra Madre I find myself confidently adjusting the clothes that I lovingly provide for this child, making sure that what is worn, fits comfortably enough. Together again, we are sitting at the table, the place where I have learned so much, sharing lessons with each other that will mold for us a better, and most wonderful, Slow Food way of life.
* The Lingotto Fiere is the old Fiat factory and the venue for Terra Madre, Salone del Gusto and the International Congress.
La plupart des leçons de vie que j’ai apprise ont été appris autour de la table.
C’est là où ma mère mangeait en silence quand elle était bouleversée ou anxieuse et où j’ai appris que le silence vient de plusieurs places, et qu’une voix étouffée ou noyée peut signifier une grande douleur. C’est là où j’attendais le meilleur moment pour partager mes nouvelles avec le monde et où j’ai appris que la joie peut illuminer une chambre et fait rire mon père plus fort que du tonnerre.
C’est où mon grand-père me laissait dévoré une des prunes en conserve que ma mère réservait spécialement pour lui. (Je peux les goûter maintenant – le goût sucré des prunes mélangé avec un désir qui est la nostalgie.) J’ai appris que même avec un petit budget, le plus petit morceau peut être partagé. Et que la bonne santé vient de cet acte de partager aussi.
Faisant partie de ma réflexion concernant mon expérience à Terra Madre, et sur le point de partager, j’admettrai en premier lieu que c’est épuisant de cultiver, motiver, inspirer et d’établir dans les autres la prise de conscience que notre fourchette exerce un pouvoir très puissant qui peut changer le monde. En tant que bénévole dévouée de Slow Food j’ai trouvé que ceci a été une épreuve sur plusieurs fronts. Mais d’une manière ou une autre, dans le bâtiment bruyant Lingotto Fiere* avec une superficie de 80 000 mètres carrés, entre un épisode de maladie soudain et violent (une intoxication alimentaire d’un sandwich de mon vol), un horaire rempli de réunions et de sessions du congrès qui avaient lieu au cours des trois jours, j’ai réussi à trouver le chemin à ma restitution.
Ce que Carlo Petrini a dit était simple. Petrini est le plus puissant quand il s’exprime en utilisant de courts termes factuels. Ce sont des paroles nées d’expérience personnelle qui sont faciles à comprendre et à digéré et qui nous arrivent pendant un moment où nous l’avons peut-être le plus besoin. Comme de l’eau dans une éponge, voici ce que j’ai absorbé, gracieusement : « La nuit porte conseil. Lève toi demain matin et surmonte la rage. »
Si souvent, en serrant ma mâchoire, je tombais endormi le soir et sombrait dans un sommeil agité. La rage qui résulte du fait de ne pas voir des résultats positifs immédiats de mes actions me rend épuisée et inquiète.
‘Rage’ c’est un mot dur, mais gardez à l’esprit que Carlo Petrini parle de son cœur, au nom de centaines et de milliers qui ont compté sur lui pour ses qualités de leader envers nos efforts de réparer le système alimentaire. Il a vu des choses que je n’ai pas vues, dans des pays que je n’ai jamais visités. Alors, pour le moment, je reste fidèle à ce mot, croyant que je fais réellement partie de cette expérience partagée et j’ai réfléchi à ce propos : si je surmonte cette rage – la surmonte complètement – je vais me sentir plus reposée le matin et puis j’aurai plus d’énergie pour investir dans les tâches importantes. Évidemment.
Utilisant les vêtements comme métaphore, Petrini nous a demandé de poursuivre notre but; d’accepter le mouvement comme si c’était un petit enfant que nous devons vêtir d’une manière appropriée à chaque étape de la vie.
J’ai médité sur cette étape de vie et comment il y a des jours où je me sens comme je recommence à zéro. Mais si je perçois « zéro » comme étant un enfant, ça m’apporte du soulagement de me retrouver ici. Je me sens le plus confortable quand je suis dans une position où je dois encourager et subvenir aux besoins quand même. Si réparer le système alimentaire me préoccupe tellement je devrais, comme Carlo a dit, « prendre soin de Slow Food comme je prendrais soin du destin de mon bébé. »
Depuis mon retour de Terra Madre, je me retrouve à ajuster avec assurance les vêtements que je fournis tendrement à cet enfant, en m’assurant que les vêtements qu’il porte sont confortables et de la bonne taille. Nous sommes réunis à la table encore une fois, la place où j’ai tellement appris de choses, partageant des leçons l’un avec l’autre qui nous prépareront pour une meilleure et formidable mode de vie « à la Slow Food. »
* À l’origine, le Lingotto Fiere était l’ancienne usine Fiat. Aujourd’hui c’est un centre d’exposition et c’est ici où Terra Madre, Salone del Gusto et le Congrès international ont eu lieu.