Deux produits ont récemment fait leur entrée sur l’Arche du goût canadienne, qui reflète la diversité des aliments et des populations canadiennes.
Tout d’abord, le saumon Sockeye de l’Okanagan :
Depuis des générations, il est le pilier des traditions alimentaires et des échanges entre les bandes amérindiennes du centre de la Colombie-Britannique et des États-Unis. Jusqu’à tout récemment, les réserves de saumons Sockeye locales étaient menacées d’extinction en raison de la perte de leur habitat, de digues impraticables, de la surpêche et des changements climatiques. Aujourd’hui, le travail acharné et le dévouement portent leurs fruits : en 2010, pour la première fois depuis plus de 75 ans, la population de poissons est durable et plus de centaines de milliers de saumons Sockeye frayent la rivière Okanagan en amont du lac Osoyoos, en Colombie-Britannique.
Pour assurer la durabilité des saumons et de l’écosystème local, les poissons sont choisis à la main et pêchés selon des pratiques qui leur sont favorables. La nation Okanagan n’a qu’une petite pêcherie artisanale qui alloue annuellement un quota qui respecte les besoins sociaux et en nourriture de la communauté. La nation utilise le Chaptikwl (tradition orale) pour incorporer ses traditions à ses protocoles actuels de pêche durable. La culture Syilx respecte la terre en laissant des portions de carcasses derrière elle afin de créer un écosystème en santé : les déchets de poissons sont retournés dans leur rivière d’origine, les têtes et les arêtes sont distribuées dans la communauté et utilisées pour en faire de la soupe, et les restants nourrissent les aigles et les hiboux de l’Okanagan à des fins de restauration et de récupération.
La chair couleur pêche du poisson possède une saveur parfaitement balancée, à la fois légère et onctueuse, juteuse et raffinée. Ce poisson est disponible entre juillet et début septembre, mais peut aussi être acheté congelé ou en canne à l’année longue.
Un autre produit qui est récemment entré sur l’Arche du goût est la tomate Savignac, une tomate au teint rosé, juteuse et sucrée de la région de Lanaudière au Québec, au nord de Montréal et située entre le fleuve St-Laurent et les montagnes des Laurentides. Elle est bien adaptée au climat frais du Québec et à ses étés courts.
En 1948, le Père Armand Savignac, clerc de St-Viateur au Séminaire de Joliette, a obtenu les graines de Raymond Dufresne de St-Félix-de-Valois. Il a tellement été impressionné de la vigueur des plantes qu’il a abandonné toutes ses autres plantations pour se consacrer exclusivement à la culture de cette tomate. Il l’a nommée en l’honneur de l’homme qui lui a fourni les graines; pour cette raison, cette tomate est aussi connue sous le nom de tomate Dufresne. À l’époque, les fertilisants chimiques et les nutriments synthétiques étaient fortement encouragés, mais le Père Savignac s’y opposait; ainsi, il a continué de cultiver ses fruits et légumes de manière biologique.
Les arboriculteurs de la région affirment que cette variété de tomate est présente dans la région de Montréal depuis le 18e siècle et qu’elle était commune jusqu’à environ 1950. Aujourd’hui, il n’y a que deux compagnies qui produisent la tomate Savignac; c’est pour cette raison que son existence est menacée. Slow Food Lanaudière, en collaboration avec Jean-François Lévesque des Jardins de l’Écoumène travaille actuellement à faire revivre cette variété.