(Crédit photo: Anika Mester)
La clôture des deux ateliers vedette de la rencontre du Slow Food Youth Network a débouché sur une discussion de type aquarium. Selon cette technique, un nombre très restreint de participants discutent au centre d’un grand cercle d’observateurs constitué par les autres membres du grand groupe. Dans la variante utilisée, seuls quatre personnes étaient autorisées à parler dans le « bocal » central et, dans le cercle extérieur, tout observateur désirant prendre la place de l’un de ces « poissons » devait lui signifier de céder sa place par une petite tape sur l’épaule.
Les sujets de discussion étaient vastes et approfondis. Spencer Montgomery, le représentant des États-Unis, a apporté des points sur Slow Fish et la durabilité, en posant des questions et en ouvrant nos yeux sur la vision à court terme de notre culture nord-américaine à propos des poissons, de la pêche et de la saisonnalité. Katarina Radevska, de Macédoine, travaille sur un banquet mobile, une caravane alimentaire visitant les fermes autour de sa région et collectant des graines à partager avec des projets de jardins scolaires. Nous avons convenu qu’une prévision des aliments saisonniers, un calendrier indiquant quels sont les ingrédients en pleine saison, est une très bonne idée. Shir Halpern d’Israël a suggéré de combiner de nombreux faits choquants dans une déclaration qui répond au sentiment d’horreur des peuples.
Nous sommes ensuite passés du travail à un dîner de détente dans une cave locale de Barolo avec le fondateur de Slow Food, Carlo Petrini. Beaucoup de rires ont été partagés, au milieu d’humour déplacé et de blagues non traduisibles, de la nourriture délicieuse, du vin, et de la compagnie. À la fin du dîner, M. Petrini m’a interrogé à propos du livre de ma m ère sur les producteurs locaux, Foodshed (grenier alimentaire), et j’ai bien sûr trouvé approprié de lui en offrir ma propre copie pour la postérité.
Le dernier jour, nous sommes entrés dans une session plénière de remue-méninges, lançant les projets en cours dans la conversation. Aurélien Culat, de France, nous a parlé de la cuisine expérimentale maintenant ouverte. C’est une combinaison de refuge pour femmes et d’école de cuisine, où les personnes qui n’ont nulle part où aller peuvent venir apprendre à cuisiner et partager avec les autres sur la valeur de ce savoir hors du temps. Shir Halpern a développé son idée de visualisation des horreurs du système alimentaire : elle aimerait créer des images dans le style de Giuseppe Arcimboldo, un artiste qui a remplacé les traits du visage avec des produits alimentaires. L’idée est tout simplement de construire deux personnages – l’un de malbouffe et l’autre de nourriture saine – et de les mettre côte à côte dans un lieu public, pour mettre en évidence que nous sommes vraiment ce que nous mangeons. Nous sommes collectivement arrivés à l’idée de créer une expérience Web plus globale, où le visiteur serait en mesure de parcourir les événements SFYN du monde entier, et avec des données accessibles permettant à chacun d’y héberger ses propres activités.
J’ai moi-même adopté le concept de la tenue d’une soupe disco dont l’idée est de récupérer des denrées alimentaires de grands producteurs destinés à finir en déchets, pour les préparer entre amis avec de la musique en direct et les transformer en nourriture à donner à des refuges pour itinérants du même coup. La première Soupe Disco canadienne a eu lieu le 10 février dernier.
Faisons maintenant passer la discussion autour du biologique, de la proximité, et du commerce équitable, de « pourquoi devrions-nous aborder notre alimentation ainsi? » à « comment rendre tout cela possible? ».
Ceci termine notre série de billets sur l’expérience de Darl à la Rencontre internationale du Slow Food Youth Network.